Le secret des biathlètes pour tirer avec précision

Pascale Santi
Si la fréquence cardiaque au repos est bien connue, la phase de récupération après un exercice est trop souvent occultée. Or, c’est le moment déterminant à l’approche du pas de tir.

Dix mille pas et plus. Comment les athlètes Martin Fourcade, ou plus récemment Quentin Fillon Maillet, lors des derniers Jeux olympiques de Pékin – où il a remporté cinq médailles –, arrivent à tirer avec une telle précision, à peine arrivés de leur course en ski de fond, lors des épreuves de biathlon ? Ils ont en commun d’être capables de ralentir très vite leur fréquence cardiaque à l’approche du pas de tir.

Lors d’un exercice physique, celle-ci augmente proportionnellement aux besoins énergétiques de l’effort, cela afin de répondre à la demande métabolique des muscles. « On mesure souvent la fréquence cardiaque de repos ou d’exercice, qui dépend notamment du niveau d’endurance, du volume du cœur, mais on occulte très souvent la phase de récupération, qui suit l’exercice », regrette Sébastien Ratel, enseignant-chercheur en physiologie de l’exercice à l’université Clermont-Auvergne.

La récupération peut se définir comme un processus qui permet aux différents paramètres physiologiques modifiés par l’exercice physique de retrouver leurs valeurs initiales. A titre d’exemple, Martin Fourcade a une fréquence cardiaque moyenne de repos entre 30 et 35 battements/minute (bpm) mais il est arrivé qu’elle descende exceptionnellement à 28 bpm, la moyenne étant comprise entre 55 et 85 bpm chez un adulte de 20 ans non sportif. Quant à la récupération, une minute après la fin d’un effort maximal, la fréquence cardiaque passe de 200 à 120 bpm, chez un jeune athlète de haut niveau entraîné en endurance, tandis qu’elle réduit de 200 à 150 chez un jeune adulte non sportif.

Repartir sur un autre effort
« La mesure de la récupération cardiaque et de la variabilité de la fréquence cardiaque donne des indications sur la capacité du sportif à supporter l’entraînement, sur ses évolutions physiologiques, explique Laurent Schmitt, responsable du département recherche et performance au Centre national de ski nordique et de moyenne montagne de Prémanon (Jura). Ce moment est une phase essentielle de régénération post-effort qui caractérise le niveau de santé du sportif ou du patient. »

Une récupération rapide de la fréquence cardiaque peut s’avérer déterminante dans tous les sports collectifs intermittents (handball, basket, foot, rugby…) où les temps de repos qui séparent les phases de jeu sont souvent très courts. « Dans le handball, si la pente de récupération cardiaque est très rapide, cela veut dire que le sportif est capable de repartir sur un autre effort dans de meilleures conditions », explique Olivier Maurelli, préparateur physique de l’équipe de France de handball et docteur en sciences du sport à l’université de Montpellier. Des exercices peuvent habituer le cœur à mieux freiner, comme par exemple le fartlek (qui alterne des phases d’effort intense et d’effort plus modéré) ou les exercices fractionnés. Mais attention, prévient Olivier Maurelli, « dans des cas extrêmement rares, le nerf vague est surstimulé, ce qui peut amener à un arrêt cardiaque. Dans ces cas-là, il s’agit d’une anomalie cardiaque qui peut être détectée à l’aide d’un test d’effort et de la variabilité de la fréquence cardiaque. »

Des chercheurs, parmi lesquels Olivier Maurelli, ont voulu savoir comment récupéraient les enfants, partant du constat qu’ils se fatiguent très peu lors d’efforts intenses et répétés, comme c’est le cas dans une cour d’école. L’étude coordonnée par Sébastien Ratel, publiée dans European Journal of Applied Physiology en février 2022, a montré que des garçons prépubères récupèrent plus vite leur fréquence cardiaque que les adultes non entraînés, après une épreuve maximale sur piste en course à pied, et autant que les sportifs endurants de haut niveau. Cette « performance » diminue avec l’avancée en âge, d’où l’intérêt de maintenir un entraînement en endurance (course à pied par exemple) au moment de l’adolescence et après.

Cette mesure se révèle également très utile pour tout un chacun, car « elle permet de détecter des risques cliniques qui ne seraient pas forcément apparents sur des enregistrements à l’effort ou au repos », écrit dans son mémoire de master Alexis Dupuy (université Clermont-Auvergne). « Des anomalies cardiaques comme les arythmies peuvent ainsi être identifiées lors des phases de récupération après les tests », décrit Sébastien Ratel.

Pascale Santi

agl45 a écrit:Car nous, tireurs, serions, pour la plupart, incapable d'effectuer un tir correct après un effort long.

picanto a écrit:Et si tu essayais de tirer en courant ?
 A condition d'avoir un espace de tir assez grand - et
 sans doute d'être seul - tu disposes qq bidons, tu te
mets à courir en rond et au passage tu en lâches une.
 Je t'autorise à t'arrêter pour viser.

( non je ne débloque pas. J'ai toujours aimé les situations insolite et farfelues )

ancien45 a écrit:et c'était au MR 73 ? Ou avec un SW ( de préférence 3" Sasia !) ?

agl45 a écrit:Tout se perd mon bon monsieur...
Et de nos jour, nos chères "têtes blondes" ne sont habituées qu'à faire des efforts devant un écran et encore à condition que ça ne demande pas trop de concentration et/ou de la réflexion  !